Bayrou l’imposteur
À son apogée dans les sondages, accompagné par de plus en plus de journalistes dans ses déplacements, le candidat béarnais se met à croire en son destin présidentiel.
Il disait dernièrement :
« si à la fin du mois de février je suis à 18 % dans les sondages au premier tour, je serai au second tour et c’est gagné! » (sic)
Il est actuellement crédité de 17% selon les dernières estimations sondagières. On pourrait croire que le second tour serait en train de se profiler pour l’ancien ministre de l’Education nationale ? J’en doute fortement. D’autant qu’une partie de la petite structure de l’UDF ne soutient même pas François Bayrou, à l’image de Gilles de Robien et d’André Santini.
Mais l’important n’est pas là. Ce qu’il faut souligner, c’est la fourberie sur laquelle le candidat de l’UDF s’appuie pour séduire. Pour François Bayrou, le clivage gauche-droite n’est plus d’actualité et les Français ne veulent pas se voir imposer un duo Ségolène Royal – Nicolas Sarkozy. Il y aurait donc un créneau à prendre.
Cependant, à part s’insurger contre la proximité des puissances financières et des groupes de médias et dire que les Français ne veulent ni de la gauche ni de la droite qu’en est-il du positionnement politique du député
des Pyrénées-Atlantiques ?
Là est la vraie question. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que la majorité des députés UDF sont élus par les voix de la droite. M. Bayrou a été ministre d’Edouard Balladur, il a essayé de réformer la loi Falloux, accordant plus de crédit à l’enseignement privé, faisant ainsi descendre plus de 600 000 personnes dans les rues et devant reculer devant une telle mobilisation.
D’autre part, celui qui veut aujourd’hui un Premier ministre socialiste s’il est élu, faisait partie en 1988 des plus farouches opposants à un gouvernement avec la gauche. Ces propos n’ont qu’un seul but : tenter de déstabiliser le PS en le divisant.
Par ailleurs, qui a voté la loi Fillon sur la réforme des retraites en 2003 ? Qui s’est abstenu sur l’interdiction du port du voile à l’école en 2004 alors qu’il se fait passer pour M. laïc en 2007 ?
Certes, il a voté la motion de censure du PS au printemps 2006, mais n’était ce pas pour anticiper son repositionnement en vue de 2007 ? Pourtant, cela ne l’a pas empêché de voter la majorité des lois sécuritaires de M. Sarkozy depuis lors.
Le candidat de l’UDF est bourré de contradictions que l’on ne peut comprendre que dans sa stratégie de conquête du pouvoir. En effet, on ne peut le conquérir en restant dans l’ombre d’un grand parti, même si on partage ses idées. Alors il faut chercher à se démarquer, à créer la confusion pour mieux tromper et tirer parti du brouillard dans lequel se trouvent les citoyens.
C’est la stratégie qu’emprunte actuellement M. Bayrou oubliant que le soleil finit toujours par se lever.
B.F